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CE SOIR A LA TELE - Page 20

  • LES PIEDS NOIRS : L'AMERE PATRIE DE FREDERIC BIAMONTI ET MARION PILLAS LUNDI 10 SEPTEMBRE, FRANCE 3, 23H10

    Dans ses "Chroniques algériennes" datant des années 50, Albert Camus écrivait que les véritables colonisateurs de l'Algérie n'étaient pas les Pieds-Noirs, mais les français de métropole.

    Et il citait (page 140 dans la collection Folio) un exemple parmi des centaines d'autres : à cotisations salariales égales, le père d'une famille française de trois enfants en Algérie percevait 7200 francs d'allocations familiales contre 19 000 francs perçus par un père de famille vivant en Métropole.

    Camus concluait en disant que les profiteurs de la colonisation étaient les métropolitains, et non les pieds-noirs. Cette vérité fut longtemps escamotée par les hommes politiques et les intellectuels français  qui accusèrent les pieds-noirs d'être les seuls responsables de la guerre d'Algerie, trompant ainsi l'opinion française, laquelle refusa l'évidence de cette guerre, à savoir que les militaires français allaient se faire tuer en Algérie pour les intérêts de la France et non pour défendre les pieds-noirs comme le sens commun d'alors le prétendait.

    En effet, si quelques colons richissimes tenaient le haut du pavé en Algérie ( exploitant aussi bien les arabes que les pieds noirs) , 80 % de la population pied-noir était composée d'ouvriers, d'employés, et, dans le meilleur des cas, de petits commerçants, dont le niveau de vie était de toute façon inférieur à leurs homologues de métropole.

    Feignant d'ignorer cette réalité, les intellectuels et les hommes politiques de l'époque déformèrent la vérité de manière à se déculpabiliser, et orientèrent les rancoeurs de l'opinion publique contre les pieds-noirs. Aussi, lorsque ceux ci , en 1962, quittèrent en masse l'Algérie pour échapper à la mort ( le slogan des algériens était : "la valise ou le cercueil"), ils furent très mal accueillis, c'est le moins qu'on puisse dire,  par leurs compatriotes de métropole.

    C'est ce douloureux retour qu'évoque le très beau film de Frédéric Biamonti et Marion Pillas " L'amère patrie " que diffuse France3 ce lundi 10 septembre.

    Toutes les aberrations de cette tragédie y sont soulignées sans fausse pudeur. Les réalisateurs entrent de plain-pied dans l'histoire pour faire voler en éclats ces fausses vérités que les fausses bonnes consciences entretiennent depuis cinquante ans.

    De l'inhumanité d'un Gaston Deferre voulant chasser les pieds-noirs de Marseille, à la candeur d'un Robert Boulin voulant faire croire que tous ces "vacanciers" repartiraient en Algérie à la fin de l'été, du sournois Christian Fouchet voulant pitoyablement donner des lecons de morale, à l'insensibilité d'un De Gaulle essentiellement préoccupé par les intérêts de la France au Sahara, de la philosophie meurtrière de Jean Paul Sartre qui n'avait rien compris au problème , aux déclarations hypocrites du Ministre des rapatriés de l'époque, tout est balayé d'un revers de caméra pour dénoncer les injustices dont ont été victimes les pieds noirs.

    Illustré par des archives d'époque, avec un commentaire très documenté et très exact , ce film nous livre en outre de de nombreuses interviews de pieds-noirs : aux témoignages d'anonymes, s'ajoutent les témoignages de personnalités eminentes telles que Alain Afflelou, Paul Quiles ou Marthe Villalonga qui vécurent de près cette tragédie.

    Indispensable à ceux qui s'interessent à la guerre d'Algérie, ce film, ni de gauche, ni de droite, est un OVNI lançé contre les idées reçues. A voir absolument.

  • AURELIE FILIPPETTI VERSUS JEROME CAHUZAC

    Lors de sa présence au pouvoir, Nicolas Sarkozy était intervenu pour que la publicité soit supprimée sur les chaînes du service public, ce qui , inévitablement ,  entraîna une migration des annonceurs vers les copains de Sarkozy en place à TF1. TF1 bénéficia ainsi d'un favoritisme financier sans précédent  dans l'histoire de l'audio-visuel.

    Il y a peu, au ministère du budget, Jérome Cahuzac évoquait le retour éventuel de la publicité sur les chaines du service public. Il faisait ainsi d'une pierre deux coups. D'une part en envisageant de nouvelles sources de financement pour le service public , sacrément nécessaires par les temps qui courent, d'autre part en annulant une mauvaise action de Sarkozy. Ce dernier point fait partie du boulot des socialistes, à juste titre, et on ne peut que s'en réjouir.

    C'était compter sans la réaction de notre actuelle ministre de la culture, Aurélie Filippetti qui a posé le poing sur la table avec beaucoup de virulence, martelant dans les médias qu'elle était la patronne et que c'était à elle de décider.

    En dehors des conséquences désastreuses que cela entraîne sur l'image de la cohésion du gouvernement, Aurélie Filippetti a emis la possibilité d'augmenter la redevance pour financer le manque à gagner du service public. La grande idée et la belle solution ! Pour une trouvaille, c'est une trouvaille. Pas besoin d'être ministre pour y penser : c'est tellement évident. Il ne manquait plus que cela pour nous mettre de bonne humeur.

    Une bonne idée est une bonne idée d'où qu'elle vienne. Et si c'est Jérome Cahuzac qui l'a eue, la Ministre de la Culture n'a pas à en prendre ombrage. Surtout si son orgueil doit être financé par la redevance, c'est à dire par nous tous. Nous n'avons pas les moyens de subventionner les caprices des membres du gouvernement. Madame Filippetti ferait bien de s'en souvenir et de réfléchir à des solutions au lieu de s'emporter à la moindre occasion.

  • SEGOLENE ROYAL ET NAJAT VALLAUD-BELKACEM

    On peut ne pas aimer Ségolène Royal, on peut la juger critiquable - et elle l'est souvent - mais en aucun cas on ne peut l'accuser de racisme ou de discrimination.

    C'est juste impossible, étant donné son parcours et sa culture, c'est totalement invraisemblable lorsqu'on voit son cursus depuis ses débuts en politique, accompagnée d'ailleurs un temps par Najat Vallaud Belkacem.

    La presse s'empare d'un propos isolé de son contexte pour faire les gorges chaudes au sujet d'une affaire qui n'en est pas, ou plutôt qui est tellement évidente qu'elle en devient dérangeante.

    L'ennui dans toute cette histoire c'est que Ségolène Royal a raison. Najat Vallaud Belkacem a certes été choisie pour ses compétences, mais aussi pour illustrer la diversité voulue par le Président de la République.

    Et cela pose un problème identique à celui de la parité.

    Si la parité n'est pas atteinte, on préfèrera une femme ( ou un homme ) de moindre compétence pour que l'équilibre soit établi. C'est quand même ennuyeux pour la bonne marche de l'Etat.

    De même, et c'est probablement ce que Ségolène Royal a voulu dire, pour assurer la diversité, on préfera nommer à un poste responsable un représentant évident de cette diversité plûtot qu'un "bon français" hautement compétent.

    Le vrai problème est que ce désir de diversité et de parité produit l'effet inverse de celui escompté : il peut court-circuiter les talents au nom de théories arithmétiques sans intérêt. Ici tant d'hommes, là tant de femmes, ici tant de noirs, là tant de maghrébins etc... C'est absurde. Les vrais critères doivent être seulement la compétence et le talent, et tout le reste n'est que littérature.

    Ségolène Royal n'a fait que mettre l'accent sur une réalité qui doit amener la réflexion. La réaction de ses détracteurs est disproportionnée par rapport à ces évidences.