LA PELERINE ECOSSAISE (THEATRE DAUNOU) Sacha Guitry "modernisé"

Une pièce peu connue de Sacha Guitry, "La pèlerine écossaise", vient d'être reprise au Daunou.

Œuvre de jeunesse du plus célèbre auteur français, on est frappé par les dialogues indémodables et indémodés de cette pièce.

Comme pour en rajouter une couche, le metteur en scène Pierre Laville a cru bon de situer la pièce de nos jours, ce qui était parfaitement inutile, tant cette pièce reste un vaudeville moderne.

Madame a un soupirant, Monsieur craque pour une nouvelle venue, chacun provoque la jalousie de l'autre : situation plus que convenue, sauf qu'elle est écrite par Sacha Guitry, ce qui change tout.

Elégance de l'écriture, analyse sarcastique des caractères, éternelle histoire des passions humaines. Du grand art.

Le fait de situer la pièce de nos jours, à défaut d'être une idée géniale, est une possibilité. Mais la mise en scène ne va pas au bout de son audace. Par exemple le héros parle de Flaubert comme d'un contemporain. Ce qui est absurde. Il suffisait de remplacer ce nom par un nom actuel pour que la scène prenne tout son sel, au lieu de tomber à plat comme cela se produit au Daunou.

Autre aberration : les personnages sont en tenues d'appartement, mais chez Guitry, les vêtements d'intérieur sont raffinés et élégants. Rien de tel dans cette adaptation : les costumes sont vulgaires, les acteurs fagotés à l'inverse de ce que Guitry aurait souhaité. Le comble étant "Le beau Brummel", symbole d'élégance et monument du fashion à son époque, qui apparaît ici en short grotesque.

Il reste la beauté de la pièce, et des acteurs formidables qui se donnent à fond. Dans les rôles principaux, il y a Arnaud Denis, magnifique. Delphine Depardieu raffinée. Marcel Philippot désopilant.

Pour toutes ces raisons, il faut courir redécouvrir ce Guitry, toutes affaires cessantes !