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CE SOIR A LA TELE - Page 27

  • YANN PIAT VUE PAR ANTOINE DE CAUNES AVEC KARIN VIARD

    Annoncé comme un evenement exceptionnel par Canal +, avec à l'appui les interviews de Karin Viard et Antoine De Caunes, " L'affaire Yann Piat ", traitée en téléfilm, s'est révélée bien decevante.

    Le téléfilm ne nous apprend rien de plus que les articles parus dans la presse de l'époque.

    D'une manière générale, lorsqu'un cinéaste ou des scénaristes s'attaquent à un sujet sulfureux comme celui-là, ils mènent un travail  d'investigation propre à nous fournir de nouveaux éléments, ou, à défaut, d'ouvrir des pistes non explorées jusque là, histoire d'éclairer un peu plus le spectateur. Par ailleurs, le fait de traiter le sujet en fiction donne le droit de prendre position.

    Rien de tel dans le film que nous avons vu. Le travail d'Antoine de Caunes n'est ni plus ni moins qu'une version romancée de " Faites entrer l'accusé", en moins fouillé. Les auteurs se sont contentés de lire la presse, de mettre bout à bout les divers articles, et de les reconstituer télévisuellement d'une manière assez plate, la mise en scène manquant, c'est le moins qu'on puisse dire, d'esprit d'initiative.

    On imagine ce qu'Yves Boisset ou Costa Gavras auraient pu faire avec un sujet pareil. Hélas, il n'y eut que De Caunes aux manettes.

    Un film inutile qu'on oublierait facilement s'il n'y avait pas l'interprétation exceptionnelle de Karin Viard, totalement bouleversante dans le rôle de cette femme marquée par le destin. Sa performance était intéressante, mais pas le film.

  • ELISABETH QUIN , MARILYN MONROE AND JANE RUSSELL "GIRLS FROM TOC ET TOC"

    Cette semaine, Paris-Premiere a fait fort dans la ringardise.

    Il existe de multiples copies, les unes en français, les autres en anglais sous-titré ou pas, du chef d'oeuvre " Les hommes préfèrent les blondes".

    Il en existe une seule à bannir, et c'est celle que Paris Première a choisi de diffuser.

    "Les hommes préfèrent les blondes " en version française, pourquoi pas. A une heure de grande écoute, cela peut se comprendre. Il s'agit juste de vérifier que la séquence montmartroise avec le petit arabe qui danse est toujours là, car elle fut, guerre d'Algérie oblige, et pour d'obscures raisons incompréhensibles, supprimée lors de l'exploitation du film dans les années 50. Si tout est en ordre, on peut donner le PAD (prêt à diffuser).

    Sauf que la version française diffusée cette semaine, était une version INTEGRALEMENT française, avec les chansons doublées en Français.

    Du coup, Marilyn et Jane, au lieu de chanter " The girls from Little Rock ", devenaient " Les filles de Toc et Toc " pour les besoins de la synchronisation. Synchronisation au demeurant pas trop mal faite par les chanteuses françaises dont on ne connaitra jamais le nom. Le film avec les chansons doublées perd toute sa saveur et ne veut plus rien dire. Comment une chaîne comme Paris-Premiere peut-elle commettre de telles erreurs ? Il suffisait de passer le DVD en vente dans toutes les solderies avec les dialogues en Français et les chansons originales.

    Comble de bêtise, Elisabeth Quin, que plus personne n'écoute, en dehors d'elle-même qui adore s'écouter parler, nous annonce en VO avec son maniérisme habituel : vous allez voir " Gentlemen prefer blondes ". Si elle avait voulu se rendre ridicule, elle n'aurait pas mieux fait.

    On regrette le temps de "La dernière séance" du brave Eddy Mitchell, qui lui au moins prenait le soin de vérifier l'état des copies. C'était juste une question de professionnalisme qui semble s'être perdu.

    Une semaine plus tôt, Ciné-Classic diffusait " La femme du Prêtre ", film Italien de Dino Risi, traitant d'un problème Italien, avec des acteurs Italiens, les excellents Loren et Mastroianni. La version qui nous fut proposée parlait anglais . Comprenne qui pourra. Il y avait cependant des sous-titres français.

  • FRANCOIS HOLLANDE ET LES SOCIALISTES PIEDS-NOIRS

    Le 17 octobre, Francois Hollande a rendu hommage, à juste titre, aux manifestants algériens tués ou blessés par les forces de l'ordre Françaises. Les médias français ont accordé une large audience aux évenements qui se sont déroulés durant cette sinistre nuit.

    Mais cela ne doit masquer en rien ce qui s'est déroulé à Oran, et qui fut bien pire, le 5 juillet 1962. Ce jour là, soit cinq jours après l'indépendance, alors que la guerre était ô combien terminée, des bandes armées se sont ruées sur tous les Européens de la ville pour les massacrer ou les enlever. Les chiffres avancés oscillent autour de 2000 morts et disparus. Ce qui n'a pas empêché De Gaulle de dire " Tout se passe bien en Algérie, à part quelques enlèvements". Cette affirmation honteuse et lâche masque depuis 50 ans la réalité de l'Histoire.

    Les pieds-noirs attendaient de Francois Hollande, à la suite du geste qu'il a eu envers les victimes du 17 octobre 1961, qu'il ait aussi une pensée pour les victimes du 5 juillet 1962. Ces européens, qui n'étaient pas responsables des horreurs commises par les militaires français ont été massacrés, éventrés, pendus, torturés ou enlevés. Certains d'entre eux étaient socialistes ou communistes. ( Les pieds-noirs avaient en Algérie leur journal communiste "Oran Républicain"). Le silence de Francois Hollande atteint leurs descendants ou les survivants au plus profond d'eux mêmes. Il ne peut pas y avoir deux poids et deux mesures. Les hommages doivent être rendus à tous , sans exception.

    De son côté Bertrand Delanoe, si friand en plaques commémoratives ( il existe désormais à Paris "La place des accords d'Evian, fin de la guerre d'Algérie", d'une dérision ridicule alors que la Guerre d'Algérie a atteint son plus haut niveau de massacre après ces accords, et une autre plaque en hommage aux victimes du 17 octobre 1961. ) Mais Bertrand Delanoe se garde bien de demander à ses homologues Algériens de faire un geste similaire. Comme s'il était normal que des Français soit tués en Algérie après l'Indépendance. Il n'y a pas d'un côté des victimes à honorer, et de l'autre des victimes à mépriser, comme semblent le penser certains hommes politiques. Il y a des victimes de la bêtise humaine de part et d'autre, et il n'y a pas de bon ou mauvais côté en matiere de barbarie.

    Des mails circulent, de plus en plus nombreux sur le net, pour inciter les socialistes pieds-noirs à s'abstenir au premier tour. Cela représente un potentiel de voix énorme, et ce silence à leur sujet finit par être préjudiciable au candidat Hollande,  les mails s'accélèrant de plus en plus. Il est temps que François Hollande dise deux mots à ce sujet.

    Les pieds noirs sont en effet ulcérés de voir que seule Marine Le Pen, en qui ils ne se reconnaissent pas, essaie de les récupérer et sème le doute quant à leur mentalité.

    En cette période abondante en films, livres et autres supports relatifs à la guerre d'Algérie, il est temps de dire la vérité, toute la vérité. Nos dirigeants ne peuvent qu'y gagner.

    Voir plus bas un article concernant un livre en 3 volumes paru sur ce sujet, suivi de photos.  

    Le massacre d'Oran


    L'épisode le plus dramatique de la guerre d'Algérie a lieu à Oran le 5 juillet 1962, le jour même de la proclamation officielle de l'indépendance algérienne et deux jours après son indépendance effective.

    Cette grande ville de la côte occidentale (400.000 habitants) était la seule à majorité européenne pendant la période coloniale. De nombreux pieds-noirs y étaient encore présents au lendemain de l'indépendance. D'autres, fuyant le bled (la campagne), s'y étaient installés dans l'attente d'un hypothétique exode.

    Une ville sous tension

    Du 1er juillet, date du vote de l’indépendance jusqu’au 4, il n’y a en ville que quelques défilés de voitures surchargées de musulmans, hommes et femmes hurlant des slogans et des you-you, plutôt bon enfant… Le 5 juillet 1962, la radio donne l'ordre aux habitants d’ouvrir les magasins, les bureaux et de reprendre le travail.

    Mais dès le matin, une foule déferle des quartiers arabes vers les quartiers européens, de la place Kargentah vers la Place d’Armes, «pour un défilé pacifique». La plupart des manifestants n'en sont pas moins armés. À 11 heures, un coup de feu retentit sur la place d’Armes, un signal sans doute. Des cris jaillissent : «L’OAS, c’est l’OAS qui nous tire dessus !» Assertion invraisemblable car nul n'aurait été assez fou pour provoquer ainsi une foule déjà surexcitée.

    C'est le début d'un carnage : une chasse à l’Européen commence, sauvage, systématique, dans toute la ville. On égorge, on tue au revolver ou à la mitraillette, on prend des rues en enfilade, tuant tout ce qui bouge, on pénètre dans les restaurants, les magasins, les appartements, assassinant les pauvres gens avec des raffinements de cruauté, arrachant des yeux, coupant des membres.

    Les auxiliaires de l'armée algérienne, les ATO, emmènent les Européens prisonniers par longs cortèges vers le commissariat central où ils sont battus et tués, ou vers le Petit Lac, ou vers la Ville Nouvelle. Pourtant, dans cette folie sanguinaire, des musulmans sauvent des Européens, d’autres font délivrer des prisonniers.

    Le général Joseph Katz, qui commande les 18.000 soldats français encore à Oran, téléphone au président Charles de Gaulle pour l’informer de l’ampleur du massacre. «Ne bougez pas !» lui est-il répondu. Les soldats restent dans les casernes.

    La tuerie dure près de six heures. Lorsque, à 17 heures, les gendarmes français sortent enfin dans la rue, le calme revient aussitôt. Les cadavres jonchent la ville, on en trouve pendus aux crocs des bouchers, dans des poubelles… Dans la chaleur de juillet, la puanteur est horrible. Soldats français et algériens déversent par camions les cadavres dans le Petit Lac et les couvrent de chaux vive. Nul ne sait le bilan exact du massacre.

    On parle dans les semaines qui suivent de plusieurs centaines de morts. Les représentants des pieds-noirs évoquent le chiffre de 2.000 non compris quelques centaines de disparus… Des disparus qui seront signalés plus tard dans les mines de l’Algérie, dans des prisons, des maisons closes et des bars à soldats...

    André Larané.

    D'après Geneviève de Ternant, L'agonie d'Oran (3 volumes), édition Gandini, Nice, 2001

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