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ALGERIE 1962 un film d'Hélène Cohen LES DISPARUS DE BENI-SAF le jour ou ma famille a disparu

Entre les accords d'Evian et l'indépendance de l'Algérie, s'instaure une période dite du "cessez le feu", période durant laquelle les armes sont censées être déposées.

C'est pourtant à cette époque qu'un peu partout en Algérie, des Européens disparaissent. On ne les reverra jamais. Des milliers d'hommes , de femmes et d'enfants attendent le retour de ceux qui ne reviendront plus.

La réalisatrice Hélène Cohen aborde ce sujet difficile et douloureux dans un documentaire diffusé sur France 3, sous le titre " Le jour ou ma famille a disparu" . Plusieurs membres de sa famille devaient en effet se volatiliser en très peu de temps, en juin 1962.

Professeurs, commerçants ou femmes au foyer, certains étant même indépendantistes, ils devaient disparaître, enlevés et assassinés soit par le FLN, soit par des bandes incontrôlées, on ne le saura pas tant que les archives resteront secrètes. Cette période honteuse de notre histoire est ici abordée sans haine et avec beaucoup de tact par Hélène Cohen. Les forces militaires françaises avaient ordre de ne pas intervenir pour protéger les français d'Algérie. De Gaulle disait que tout se passait bien " en dehors de quelques enlevements".

Grâce à ce film, une petite partie du voile a été levée sur cette omerta scandaleuse qui déshonore aussi bien la France que l'Algérie.

Car il faut bien comprendre que ces enlèvements suivis d'assassinats n'ont rien à voir avec la guerre d'Algérie puisque celle ci était théoriquement finie. Pourtant, depuis 1962 c'est le silence sur cette boucherie, entre autres exactions, qui empêche à jamais les Algériens d'exiger de la France une demande de pardon, bien qu'ils aient tenté de le faire à plusieurs reprises, comme si tout cela n'avait pas existé, même si parallèlement l'OAS se déchaînait à la même période d'une manière tout aussi condamnable.

Traiter le sujet en soi, et l'isoler de la période de guerre pour le concentrer sur la période du cessez-le-feu aurait certes été audacieux, mais plus juste.

Comme pour s'excuser d'être la première à aborder le sujet, Hélène Cohen a donc situé son film dans l'ensemble de la guerre d'Algérie, pour rappeler que les Algériens aussi avaient souffert. C'est évidemment une réalité, mais cela n'excuse en rien la dispariton de ces innocents.

Le vent de panique qui souffla sur Béni-Saf a ce moment là, transforma les chalutiers du port en Exodus, qui transportèrent de nombreux juifs jusqu'à Melilla ( c'est évoqué dans le film ), au Maroc Espagnol, d'où ils prirent le bateau jusqu'à Alicante et regagnèrent la France depuis l'Espagne. Car ils avaient peur de prendre la route pour Oran d'où partaient paquebots et avions à destination de la France.

Ce qui n'est pas dit dans le film, c'est que, si dans toute l'Algérie les disparitions touchaient la communauté Européenne sans distinction de religion, seuls des juifs disparurent de Béni-Saf.

Certains Européens non juifs, furent inquiétés, conduits jusqu'à un bureau (officiel ou usurpateur, on ne le saura jamais non plus) de la Wilaya et rançonnés , puis libérés. Le deal était clair : il fallait payer une "cotisation" et dans ce cas, on ne risquait rien. On imagine la suite : les Européens payaient une première fois, puis prenaient la poudre d'escampette. Beni-Saf s'est ainsi vidé de ses habitants européens. Cela méritait d'être souligné.

Malgré ces non-dits, le film d'Hélène Cohen reste un très beau document, sincere et émouvant. Les moments avec sa mère sont bouleversants et d'une grande intensité.

Les témoignages entrecoupés des tantes ou cousines qui se sont réunies pour évoquer ce drame font irrésistiblement penser au cinéma Italien des années 60 tant les échanges sont vifs et exagérés.

Deux bémols à ces témoignages : celui de la veuve d'un disparu Indépendantiste qui continue à croire que ce ne sont pas les arabes qui ont tué son mari, alors même que tous les documents officiels, dont certains fournis par Hélène Cohen, prouvent le contraire. Et surtout le témoignage insensé d'un certain Obadia , communiste aveuglé d'une époque révolue, n'ayant aucune notion d'histoire et qui y va malgré tout de son explication tranchée et sans nuance, laquelle débouche sur un révisionnisme primaire. Dommage. Heureusement , ces incidents de parcours qu'on peut imputer au désarroi des deux intervenants et à leurs souffrances passées, ne durent que quelques secondes dans un film hautement recommandable tant par sa sensibilité que par son goût de l'exactitude.

Grâce à ce film, par ailleurs bien réalisé, et aux films futurs qui traiteront du sujet, tous ces disparus tombés dans l'oubli gagnent un peu de l'éternité qui leur est dûe. Et ce n'est que justice.

Commentaires

  • bn les disparus de beni saf sete histoire ma touche mais ojourdui ses pas parelle et que dieu vous aide retrouver votre famille

  • Différents commentateurs de la presse écrite ou audio-visuelle ont souligné que la France n'était pas invitée aux Festivités du cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie. Heureusement ! Le même jour, c' était l'anniversaire du massacre d'Oran ou 2000 français ont disparu, happés par des sauvages qui avaient oublié que la guerre était finie, et cela il y a très exactement 50 ans, jour de l'Indépendance. La France n'allait quand même pas fêter ça !

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