GG

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

expert

  • EXPERTS EN AUTOGRAPHES DE CELEBRITES : UNE FUMISTERIE

     

    "Poor collectors", film de J. Menendez, 52 ', Grande-Bretagne, 2009.

     

    Edifiant documentaire sur le câble hier soir, nous proposant un voyage chez les collectionneurs d'autographes en Europe, et plus particulièrement chez les collectionneurs qui se sont fait avoir par les experts.

     

    Témoin ce collectionneur Irlandais qui a acheté en France il y a quelques années à un Expert Français une série de photos dédicacées de vedettes de Hollywood. Ayant besoin d'argent, il propose à la vente à un Expert Anglais sa précieuse collection. L'Expert Anglais laisse tomber son verdict : si les photos sont d'époque, les dédicaces sont fausses, datant, prétend-il des années 70, alors que les stars sont mortes bien avant.

     

    Le film enquête sur la formation professionnelle des Experts en autographes, lettres et écrits divers. On va de surprise en surprise. Aucune formation n'est necessaire pour acceder à cette fonction. En France, par exemple, ils sont un petit groupe à se partager le gateau. Pour faire partie du groupe, pas besoin de faire des études en graphologie. Il suffit d'être accepté par le groupe, après passage d'un  " examen " de principe, un peu comme un académicien qui propose sa candidature aux autres membres.

     

    Alors que les Experts en tableaux font - et c'est un minimum - l'Ecole de Beaux Arts, et ne deviennent experts qu'à l'issue d'une longue expérience, les experts en autographes peuvent l'être de père en fils, comme un boulanger qui reprend la boutique familiale après avoir été formé par son père. Cela n'empêche en rien , l'erreur étant humaine, que les musées regorgent de faux tableaux... savamment expertisés.

     

    Car le but n'est pas de faire de l'Expertise philantropique, mais d'acquérir et de revendre tous les documents qui leur passent entre les mains. Ils ont généralement une boutique située dans les beaux quartiers, chère à gérer, ce qui fait grimper le prix de vente des documents qu'ils proposent.

     

    L'expert Londonien interviewé dans le film reconnaît que depuis qu'il officie dans un quartier chic, il a plus de crédibilité. Et il ironise en ajoutant que c'est pourtant dans les quartiers pauvres où se multiplient l'équivalent de nos vide-greniers qu'il a souvent trouvé des pièces intéressantes. Il reconnait d'ailleurs, qu'il fonctionne au "feeling" et que c'est suivant une impression personnelle sans réel fondement qu'il pense ou non qu'une pièce est authentique. Et il n'a aucun scrupule à acheter pour quelques centimes ce qu'il va revendre à prix d'or. On reste confondu devant tant de cynisme.

     

    Avec l'arrivée d'Internet, les experts peuvent avoir une vitrine mondiale pour augmenter leurs ventes. Ils y exposent quelques pièces "montrables", mais pas toutes. Allez sur leur site, et vous verrez que de nombreux experts-vendeurs proposent à la vente des pièces dont la photo n'apparaît pas sur Internet. Le tout à des prix exorbitants.

     

    Le film poursuit en disant que si les Experts ne sont pas forcémment malhonnêtes, ils font essentiellement confiance à leur feeling. Il n'existe aucune techique sérieuse, aucune formation préalable pour faire croire à une quelconque infaillibilité. Et finalement cela est tout de même inquiétant lorsqu'on achète un document à prix d'or. Qui peut garantir que le billet de Victor Hugo ou la lettre d'Alphonse Daudet encadrée dans votre salon est authentique ? Personne. D'autant plus, et c'est là où un sérieux doute s'installe, qu'ils sont avant tout  commerçants. D'honnêtes commerçants pour la plupart probablement, mais des commerçants tout de même.

     

    Par ailleurs, ils prétendent à une universalité qu'il est difficile d'admettre. Autant il est possible de se fier à un spécialiste de Cocteau ou de Molière qui a consacré toute une vie de recherche à une célébrité, autant on voit mal comment un Expert peut à la fois authentifier un autographe de Michael Jackson, une lettre de Che Guevara ou une dédicace de Lamartine. C'est pourtant à cette réalité que nous sommes confrontés dans le marché actuel.

     

    Le film conclut en disant que le mieux est de faire soi même les salles des ventes où sont liquidées des successions. C'est d'ailleurs ce que font les Experts. En général un écrivain dont on vend la collection des livres que lui ont dédicacés ses confrères a de fortes chances de vous faire faire une bonne opération. Un producteur de spectacles ou un directeur de salle qui a glané toute sa vie les dédicaces des chanteurs dont il s'est occupé, c'est également du sérieux. Les vides-greniers offrent également de bonnes surprises : témoin cet heureux collectionneur qui a acheté une caisse entiere de photos dédicacées appartenant à un journaliste de cinéma décédé et dont la gardienne vendait le tout après avoir vidé son appartement à la demande des nouveaux locataires. La meilleure preuve d'authenticité reste donc la traçabilité d'un document.

     

    Bref, pour ne pas se faire avoir, il suffit de devenir expert soi-même, et comme il n'y a aucune école , pourquoi s'en priver ?